Toute cette pluie, et ces bavards qui ne cessent d’enfler, indifférents à une telle fragilité.
Toute cette pluie, et ces bavards qui ne cessent d’enfler, indifférents à une telle fragilité.
Tous ces livres, et la pluie qui ne cesse de tomber, sourde à tant d’intelligence.
Nous sommes des voyeurs, épiant avec avidité, par le trou de nos orbites, les folies d’un monde trop lisse.
Tu es un homme mon fils, dit le père, suintant d’émotion.
Tu es si fort, mon père, dit le fils, raide et fier.
Vous êtes si hommes, mes hommes, dit la mère, tremblant de rire.
Il est des matins où tout revient, même fatigue et même ennui, même absence de différence. C’est à se demander si, pendant la nuit, une Pénélope chronique, n’a pas défait un peu ce que, laborieusement et sans conviction, le temps fait.
Presque tout a déjà été dit, mais peu a été entendu et le reste est déjà oublié.
La provocation tient le plus souvent du duel sans adversaire.
Alors, faute d’être audacieuse et risquée, qu’elle soit neuve et inspirée.
Il faut un peu d’audace pour dire à quelqu’un le mal que l’on pense de lui ; il faut beaucoup de modestie pour lui dire les qualités qu’on lui trouve.
Mon corps me nargue, me gave et m’affame, il me ressert copieusement en rêves fruités au goût inoffensif.
La plupart de nos troubles vient de ce que l’on jalouse l’assiette du voisin. Assiette, il est vrai, toujours plus copieusement garnie.
Quel génie, quelle énergie, quelle imagination déployés pour tant compliquer le simple.
Ils étaient là, innocents et distraits, quasi transparents, visages neutres et faibles qui ne séduisent ni n’inquiètent, agents dormants et pourtant, toujours les premiers dans la queue quand le pain était cuit.
Approximatif et paresseux, le monde perd ses accents.
Et si on reprenait tout à zéro.
Un little bang, modeste et fraternel.
Pleurer sur soi et rire des autres est facile.
L’inverse l’est moins.
Choisis bien ta place selon que tu aimes être applaudi ou préfères comprendre.
Il se raconte que Dieu était danseur ; vieilli et courbatu, il s’est fait homme.
6h, 8h et même 10h ce n’est pas assez pour que le sommeil soit dépaysant et le réveil déconcertant.
Il faudrait que l’on dorme toutes les nuits une dizaine d’années, chaque matin alors serait l’occasion de joyeuses retrouvailles (tu prenais du thé ou du café ?), de souvenirs complices (oh, tu te souviens de la première fois…) et de vrais regards (dis donc, cette fossette, elle n’était pas…).
Ils voudraient bien aussi refouler à la frontière l’imprévisible, ce temps étranger et rêvé qui nous vole nos femmes et corrompt nos enfants.
Ils avancent droit et se pressent, feignant de voir où ils vont.
À l’âge des super-héros, la vie est dure pour les mous.
S’il y a bien quelque chose qui n’est pas en péril, qui ne nécessite ni avocat, ni garde du corps, ni assistance psychologique, que la crise et les pandémies ont épargné, c’est le bruit.
Ne dites pas hasardeux, si vous voulez vendre, dites expérimental.
La Terre est ronde me dit-on.
Eh bien c’est fort regrettable, car avant longtemps, aller plus loin signifiera aller plus près, s’éloigner voudra dire se rapprocher et chaque départ sera un piteux retour.
Et moi qui avais programmé une vie d’aventures en terra incognita.
Te souvient-il ma mie, de l’époque où la distance était une épreuve, la vitesse une émotion et le poids une sensation ! Te souvient-il quand nous sentions, goûtions et touchions !
L’heure est à l’anesthésie générale, mais que l’on se rassure, on connaît au nanomètre près la distance qui sépare la Terre du soleil. Ouf !