Qu'on ne s'y trompe pas, l'homme n'est pas un dieu fini, c'est dieu qui est un homme privė d'horizon.
Qu'on ne s'y trompe pas, l'homme n'est pas un dieu fini, c'est dieu qui est un homme privė d'horizon.
Ce n’est pas parce que la liberté est illusoire qu’il faut se résigner et suivre ; ce n’est pas parce que la volonté est tangible qu’il faut y croire et tout casser.
D’accord, il y a Sophocle, Rabelais et Joyce, mais allez vous promener cinq minutes en forêt, ouvrez les yeux, écoutez, sentez, participez. Comment ne pas reconnaître qu’en termes de poésie – je veux dire diversité, inventivité, imprévisibilité, intensité, sans parler de vitalité – on rame un peu.
– Salut Œuf, tu viens faire une partie de fléchettes ? Je rêve de voir ce que tu as dans le ventre.
– Mort de rire ! Au fait Poule, tu sais qu’ils font une promo chez KFC, 15 € les 12 cuisses ? Ah ben non, je suis bête, tu n’es pas cœur de cible !
– La cible est le rêve de l’arc, la flèche n’est pas le flèche et le bambou est dans ton cœur, conclut Panda qui disparut avant même la fin de sa phrase.
– ?!
– !?
Elles migrent à la recherche d’une terre d’accueil, les idées. Le bruit est insalubre ; le silence, infécond.
À partir de quand a-t-on commencé à s’habituer à vivre dans la laideur, le bruit et le mensonge ?
Faire les choses pour les autres, quand ce n'est pas une imposture, c'est toujours une mauvaise idée.
Hier, à Rome, je crois avoir croisé Adèle Exarchopoulos. J’ai salué et souri. Elle ne m’a pas vu. Ça ne devait pas être elle.
Heureusement d’ailleurs, car j’étais infoutu de me souvenir de son nom sur le moment. J’aurais eu l’air malin !
Nous, les vieux, on inspire confiance.
(Les cons, s'ils savaient.)
« Trou ».
Je me permets de sortir moi-même de son contexte ce mot terrible qui perd ainsi son inexcusable violence et ne risque plus de me valoir procès et insultes.
On ne nous apprend pas à dire au revoir.
– Tu ne voudrais pas arrêter un peu de faire le beau, Soleil, vas-tu comprendre un jour qu’on ne t’admire que parce que je tourne et parce que je me détourne de toi.
– Toujours aussi froide et analytique. Ce que je peux te dire, Terre, c’est que d’ici, personne ne t’admire et je veux bien essayer de tourner, je crains que ça ne fasse pas venir les admirateurs.
Infatigable patience ou obstination inconséquente ? Je m’interroge.
Sans cesse elle revient à la charge, la mer, et me chatouille les pieds.
Quelles sont ses secrètes intentions ? Me séduire ou me nuire, me faire fuir ou me retenir ? Les signaux sont confus.
Je fais mine de ne m’apercevoir de rien et salue en souriant, pour faire diversion, une baigneuse aux cheveux longs.
Même si elles sont toujours dérangeantes, il ne faut pas renoncer aux enquêtes généalogiques, surtout quand il s’agit de vertus. Prenons la fidélité par exemple, en remontant un peu, on trouverait sans doute un sens bien bourgeois de la propriété, mais aussi une incapacité à changer un pneu crevé ou à remplir une déclaration d’impôts, une peur viscérale d’être abandonné sur une aire d’autoroute, un goût morbide pour les naufrages collectifs et peut-être même, un peu plus loin encore, une vilaine haine de la vie et de son insolente imprévisibilité.
Notez bien que cela ne fait pas de la fidélité un vice, il est probable qu’elle cimente nos sociétés qui s’effriteraient sans elle, ou s’effondreraient.
(Oui, très probablement. Et alors ?)
– Qu’est-ce qui se passe, Dieu, ça ne va pas ?
– Comment te dire mon bon Saint Pierre, ma foi s’érode, je ne crois plus en moi.
La tête sur les épaules et les pieds sur terre, être à la mode lui faisait une belle jambe ; ne pas se mettre la vie à dos lui importait surtout, aussi, quoique buvant son thé le petit doigt levé, n’achetait-il que des chaussures de seconde main.
Il est des voyages qui vous confortent et vous confirment et finalement vous confinent ; d’autres vous confondent.
Si tu ne te déprends pas des sentiments, ils te prendront, mais si tu t'en déprends, ils ne te surprendront plus.
Il est curieux qu’en devenant pluriel, le mot vacance prenne un sens presque contraire : du vide on passe au plein. Plein de choses à faire pendant les vacances, à voir, à manger, à visiter, à acheter et plein de choses à raconter au retour.
Il faut faire un petit effort intellectuel pour entendre le sens initial, mais au pluriel. Mes vacances deviennent alors ces moments d’abandon, de ralentissement, d’oubli, moments où l’on s’isole pour un temps, pensant peu, regardant à peine, n’agissant pas, faisant l’expérience d’une présence au monde quasi animale, végétale même.
Puis on rebranche son moi et se reconnecte à la société.
Il serait prudent que je commence à réfléchir à mes dernières paroles. Ça ne s’improvise pas et il ne faut pas se manquer ; on n’a pas de deuxième balle. Je pensais à un truc du genre « j’avais quelque chose d’important à vous dire, mais là, tout de suite, je ne souviens pas ; allez ! ça va me revenir ».
Je n’arrive pas à savoir si ça amusera ou pas.
Il y a une façon subtile, géniale peut-être, de presque-répéter. Je crois qu’un art original vient se loger là – entre la duplication stérile et l’innovation impatiente.
L’étranger a un charme incontestable, mais qui ne dure pas. Soit il s’adapte, alors il devient fade et ennuie comme les autres ; soit il demeure étrange, alors il inquiète et on le rejette.
– Alors Pierre tu es gentil, ce soir je ne suis là pour personne, je regarde France – Portugal.
– Donc, c’est comme d’habitude ; tu sais d’ailleurs que certains en viennent à douter de ton existence. Bon, ce n’est pas le problème. En revanche je serais curieux de savoir de quelle équipe tu es le supporter parce que c’est un peu Lourdes contre Fatima !
– Tu sais que je suis trois personnes en une, alors, on peut bien se diviser en deux pour un soir.
Je déteste les escalators et tapis roulants et je les évite toujours. D’abord parce qu’ils méprisent nos jambes qui finiront par se venger, mais aussi parce qu’ils n’ont pas évolué depuis leur création et ressemblent toujours à des monstres d’acier aux mâchoires vicieuses.
Mais d’où vient l’expression « une vie de chien » ? Y a-t-il animal, que dis-je être vivant, plus choyé, gâté, considéré ? Une vie de vache ou de veau, oui, de rat, de porc, de poussin, sans doute, de faisan, de bécasse, de thon rouge, d’oie, de pangolin, d’accord, mais pas de chien.
C’est comme si on disait « une vie de panda » ou « une vie de paon ».